Tirs soudanais nourris sur la frontière avec l’Éthiopie, selon un responsable éthiopien

Les forces armées soudanaises ont tiré à l'artillerie lourde lors d'affrontements dans une région orientale contestée à la frontière avec l'Éthiopie, a déclaré un responsable éthiopien mardi 28 juin, selon l’agence Reuters. Les deux pays sont dans une querelle de longue date concernant leur frontière, Khartoum ayant rappelé lundi son ambassadeur à Addis-Abeba après avoir accusé l’Éthiopie d’avoir « exécuté » sept soldats et un civil soudanais. La tension monte encore sur la frontière entre le Soudan et l’Éthiopie, sur une zone revendiquée par les deux pays. Selon un responsable éthiopien cité par l’agence Reuters, les forces soudanaises auraient tiré à l’artillerie lourde lors d’affrontements dans la région. Le même jour, le Soudan a capturé Jabal Kala al-Laban, une zone proche de la frontière contestée, à la suite d'un barrage d'artillerie et d'une frappe aérienne, selon une source militaire soudanaise qui a requis l'anonymat, car elle n'était pas autorisée à parler à la presse. Lundi 27 juin au soir, Khartoum avait déjà rappelé son ambassadeur à Addis-Abeba après avoir accusé l’armée éthiopienne d’avoir « exécuté » sept soldats et un civil soudanais. Selon Khartoum, les soldats soudanais auraient été ramenés en Éthiopie après avoir été emprisonnés le 22 juin par des militaires éthiopiens dans la zone d'Al-Fashaga, des terres fertiles dans l'État soudanais de Gedaref (Est), objet d'un conflit frontalier entre les deux pays. Des accusations démenties par l'armée éthiopienne mardi après-midi, selon l'AFP, assurant opérer « dans le respect de la loi » : « Il est totalement inacceptable que le Soudan accuse (l'armée éthiopienne) d'avoir tué des prisonniers alors que celle-ci n'était pas présente dans la zone » des faits, a expliqué mardi à la presse le directeur des Relations publiques des forces de défense éthiopiennes, le colonel Getnet Adane. Addis-Abeba affirme au contraire que ce sont les militaires soudanais qui ont pénétré en territoire éthiopien. Et l'armée fédérale éthiopienne assure qu'ils ont affronté une milice locale et non ses soldats, absents dans la zone. « Si l'armée éthiopienne avait été présente dans la zone, elle les aurait traités conformément à la loi, c'est un trait distinctif » de l'armée éthiopienne, a insisté le colonel Getnet Adane. Khartoum a en outre annoncé déposer plainte auprès du Conseil de sécurité de l'ONU et des organisations régionales. Les accrochages, parfois mortels, sont réguliers dans la zone du triangle d’Al-Fashaga. Ils se sont intensifiés depuis fin 2020 et la guerre entre Addis-Abeba et les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Le Soudan et l’Éthiopie ne sont jamais parvenus à un accord sur le tracé de leur frontière. De plus, ils s'opposent depuis plus de dix ans à propos du grand barrage de la Renaissance (Gerd) construit par l'Éthiopie sur le Nil.